Projet EPS – Cycle atypique en kayak

Dans les années 2010, nous avons engagé avec le collège de KERICHEN (Brest) et Bruno MONS (enseignant EPS) un travail sur l’apprentissage du geste avec une pagaie type « groenlandaise ».

Une expérimentation

Le projet d’un cycle EPS avec la pagaie type « groenlandaise » est une réponse au constat suivant:

Les difficultés d’utilisation de la pagaie croisée par le débutant. Le manche étant le lien indirect entre la main du débutant et les sensations de la pale dans l’eau, nous observons des problèmes dans l’analyse des informations de l’appui de la pale. La rotation imposée par les pales croisées renforce les problèmes d’analyse de l’information. Cette situation engendre un apprentissage long de l’utilisation de la pagaie au détriment du geste de propulsion.

Le transfert du geste dans une pratique sportive en club. Dans les pratiques sportives, en bateau long, les pagaies ont perdu le croisement des pales au profit d’un angle de plus en plus faible. Dans nos écoles de pagaie, nous avons un travail important pour sortir d’un geste « pousser/tirer » pour aller vers une propulsion efficace.

La construction des pagaies

Pour mettre en place le projet, nous avons réalisé un chantier pour la construction de 40 pagaies « enfant ». Pagaie de 1m75 à 2m10 – Largeur de la pale: 8cm – Longueur de la pale: 70 cm – Diamètre du manche: 3 cm – Pin menuiserie

Le cycle d’enseignement

Les situations pédagogiques spécifiques

Deux situations pédagogiques spécifiques pour l’utilisation de la pagaie sur la propulsion. Le reste des apprentissages est identique à un cycle classique de kayak.

Un projet de référence – ASQAJAQ – www.asqajaq.fr

À la découverte des gestes oubliés…

Dans les eaux glacées du Grand Nord, le kayak n’était pas une embarcation de loisir mais un objet de la vie et parfois même de survie. Conçu pour la chasse des mammifères marins, il était rapide, silencieux et bas sur l’eau. Toujours construite aux dimensions de son propriétaire, l’embarcation était furtive mais instable. Pour faire face aux chavirages, les chasseurs groenlandais avaient inventé un répertoire de gestes inégalés pour se rétablir. Quelles que soient les circonstances du retournement, il existait une façon d’esquimauter. Seuls les plus aboutis de ces gestes ont traversé les siècles. Aujourd’hui, si ces manœuvres sont un atout précieux pour la sécurité de ceux qui les maîtrisent, elles permettent aussi de  redécouvrir la culture inuk.

Ce sont ces techniques d’esquimautage que les élèves de la classe « qajaq » étudient. Gestes qui, dans les eaux glacées du Groenland, ne supportaient pas l’approximation. Gestes nécessairement fiables et beaux, car polis par les siècles d’une pratique journalière vitale. Si les kayaks utilisés par les élèves ne sont plus de peaux et de bois, la pagaie en revanche est bien la même que celle des esquimaux. Outil simple, d’un maniement subtil, elle invite les collégiens à puiser dans les techniques ancestrales le secret de son fonctionnement. En étudiant cette culture, les élèves acquièrent des savoirs utiles et rendent un hommage en actes à ces hommes valeureux du Grand Nord que la modernité a souvent regardé avec arrogance et condescendance. Qu’ils soient sur l’eau, ou en classe, deux questions les animent :

– Quelle est la place du qajaq dans la culture inuk ? 

– Quelle est la place de la culture inuk dans leur pratique du kayak ?

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